vendredi 24 octobre 2014

Noms des terroirs et lieux de Mons

Version 12 nov 2012

C’est toute une histoire … !

- La majeure partie de notre commune, du moins l’église et le vieux village, étant située sur un plateau surélevé, nous ne nous attarderons pas sur l’origine du nom de Mons. Ce nom est aussi présent dans celui d’autres villages voisins : Montauriol, Mondouzil, Montrabe, … Dans les archives nous retrouvons ce nom tantôt écrit « Monts », tantôt « Montz », mais aussi comme aujourd’hui « Mons ». Dans un texte très ancien de 1183, il est écrit « Monz ». Au 15ème et 16ème siècles on retrouve souvent le nom latin « Montibus », “ainsi dans un texte de 1538 Drémil figure dans l’archiprêtré de Verfeil avec son annexe Mons (Santi Saturni de Montibus)“,( pour St Sernin de Mons, en latin Saturnin).

- Comme ailleurs, de nombreux noms de lieux de la commune viennent de personnes qui y ont habité ou en ont été propriétaires, par exemple Cantalauze, Fajoles, Gaudens, Cammajes, Gilède, Jean Dago, Espigat, Lasalle, Trinchant, Soubeiran, Favarel, Bru, Costa, Lagane, … Plusieurs d’entre eux étaient des nobles ou des bourgeois de Toulouse, certains occupaient de hautes fonctions, en particulier au Parlement de Toulouse. En bord de Seillonne un champ est appelé « plaine de Lapeyrouse » ; au 17ème siècle et début 18ème ses anciens propriétaires étaient les DU BOURG seigneurs de Lapeyrouse, qui habitaient au lieu appelé aujourd’hui « Trinchant »..


- Dans le cadastre de « Napoléon » de 1824-1826, des champs ou des ensembles de parcelles ont reçu le nom de souleila ou iversenc, selon leur orientation sud ou nord. Ainsi nous relevons sur les cartes : souleilla de La Pigasse, souleilla de Cantalauze, souleilla de Ste Quitterie, souleilla de Bru, souleilla de La Bourdasse, souleilla de Lagane, souleilla de Soubeiran, souleilla de Lassalle, souleilla de l’église, souleilla de Borde-Basse, souleilla de Roubert, souleilla de Clairac, souleilla de la bergerie, … A l’opposé, nous trouvons : iversenc de Gaudens, iversenc de Gilède, iversenc de Clairac,
iversenc du Moulin, … Une seule exception : « le bois de Soleilla », orienté vers le nord, ne respecte pas cette logique. Cette longue énumération souligne la bonne exposition de la majeure partie des terres de notre commune.


- Certains de ces lieux ont changé de nombreuses fois de nom au cours des derniers
siècles. Ainsi Gilède s’est appelé successivement : rivalz, al claux, carrière, gilède,
caffarelli, et à nouveau gilède. Il en est de même pour Espigat , souvent abrégé en
Spigat ; les noms successifs de ce lieu sont : abroustabiou, la motte, la brugue, gleize
vieille, fontauriolle, espigat, sentis, et à nouveau espigat. Trinchant a changé aussi
plusieurs fois de nom : montels, dortail, caze, trinchant. Au bout de l’avenue des
Pyrénées, l’ancienne ferme, située prés du nouveau lotissement de Cantalauze,
s’appelait autrefois « La Croix » car il y avait effectivement autrefois une croix devant
cette maison.



- Certains noms de lieux du village sont très anciens et remontent au moins au 16ème siècle, ainsi : la Pigasse (al pontet de la pigasse), le rieu de Goyrobal, le rieu de Russel (devenu Roussel), la rivière de Seilhouno. D’où vient donc le nom de la rivière du “ collège “, en-dessous de l’IME ? La réponse nous fait remonter au 5 juillet 1371, jour de vente de la métairie du Colombier par noble Géraud Arnaud Dupont de Flourens au collège de Maguelonne créé à Toulouse, 38 rue du Taur, en 1370. Il s’agit aujourd’hui de la ferme de Lassalle. Le ruisseau d’Espigat était appelé autrefois
ruisseau de Fontauriolle.

Le ruisseau de Fonds Valette vient très certainement du nom d’une famille qui devait habiter ou posséder des champs en bordure de ce ruisseau ; vers l’an 1600 on retrouve Gabriel Valette, et quelques années plus tard ses fils Pierre et autre Pierre. Ce ruisseau s’appelait « ruisseau de Font-Peyre » dans les reconnaissances de 1718, et « ruisseau du fournils » dans le compoix de 1666. Des personnes du village auraient dit aux géomètres chargés de l’établissement du cadastre de 1824 -1826 que ce ruisseau s’appelait « la font de Valetto ». « font » pour « fontaine », en effet il y a en bordure de ce ruisseau une fontaine qui ne tarit jamais, elle est aujourd’hui dans le jardin d’un particulier. Osons des suppositions : le passage de « Font-Peyre » à « Font Valette » pourrait être lié tantôt au prénom, tantôt au nom de Pierre Valette. Quant à l’autre appellation « ruisseau du fournils », aurait-elle un rapport avec le four de séchage de la briqueterie toute proche ?


- Certains lieux ou quartiers de Mons portent des noms très communs. Ainsi le chemin de La Briqueterie (un des chemins reliant Flourens à Lavalette) conduisait à la briqueterie située à l’emplacement du lotissement que l’on appelle aujourd’hui « la tuilerie ». Cette tuilerie est déjà signalée le 8 mars 1460 dans le dénombrement effectué par le seigneur Raymond de Puybusque. Dans le cadastre de 1824, y figurait aussi le nom « tuilerie ». Cette briqueterie, ou tuilerie, a cessé son activité vers 1888, les derniers briquetiers de Mons seraient les frères Pierre, Jean et Louis Merly.

     Autre exemple : sur le chemin des abreuvoirs, qui descend vers le Roussel, puis au-delà mène à Borde Basse, on trouve trois bassins utilisés autrefois comme abreuvoirs pour les vaches qui remontaient le soir des prairies du bord du Roussel aux étables du vieux village. Le chemin du puits communal conduit bien à un puits, toujours appelé puits communal, un texte des années 1600 précise « al claux de la borde pres le puis communal ». Au bout de l’avenue des Pyrénées, le chemin du Pin conduisait à Pin-Balma. Il était autrefois très pratiqué parce que le Consulat de Clairac était rattaché à la « paroisse du PY » (soit Pin en occitan). Le chemin du Moulin conduisait bien à un moulin aujourd’hui démoli « le moulin de Lassalle » dont le lieu porte d’ailleurs toujours le nom « le moulin »; un moulin à vent est déjà signalé en ce lieu dans l’acte du 10 juillet 1371 de prise de possession de la métairie du Colombier par le prieur du collège de Maguelonne.



     En allant vers Gilède, le lieu dit « Le Pâtre » pourrait faire référence à un gardien de troupeaux habitant en ce lieu ; ce lieu est aussi appelé « Baladié ». Dans le même esprit, il y a un lieu dit « la bergerie » en bordure de la route de Gauré.


     Par contre « Le Peyral », partie du vieux village située route de Drémil, est un nom relativement fréquent indiquant un lieu où le sol est pierreux, où la roche affleure, ce qui ne paraît pas être le cas ici. Le mot « borde » (ferme) est souvent utilisé pour nommer un lieu. On trouve ainsi à Mons : Bordebasse, Bordeneuve, La Bourdasse. Au lieu La Pigeonnière, il est probable qu’il y avait autrefois un pigeonnier ; au 14ème siècle la métairie toute proche s’appelait « al Colombier ».


-      Dans sa monographie de Mons de 1885, Théophile Lasserre, brillant instituteur de Mons, regroupe les habitants de Mons en dix quartiers : le village, Lagarrigue, Gilède, l’église, Trinchant, Clairac, Lassalle, Costa, l’Ermitage, Gaudens. Précisons qu’avant la révolution Mons et Clairac étaient deux consulats distincts, les deux entités ont été regroupées pour constituer la commune de Mons.


-      Certains noms de lieux, tels que Pamparé, Causidou, chemin de l’Ermitage, La Marsale, Balancy, Monac, … n’ont pas encore révélé leur origine. Peut-être certains anciens monsois, à la lecture de ce document, pourront nous apporter des pistes et peut-être la réponse. En 1892, le conseil municipal de Mons fait l’inventaire des chemins de Mons, il précise que la « côte du tisserand part de La Marsale vers Gilède par l’Hermitage ». Le tisserand en question serait-il François Escande cité dans un acte d’état-civil de 1815 ? Ce chemin est à présent appelé « chemin de l’Hermitage », pourquoi ?

-      Pourquoi le nom de Sainte-Quitterie ? Il y avait autrefois en ce lieu une chapelle portant ce nom. Cette chapelle était annexe de la paroisse de Lavalette, l’église de Mons étant alors annexe de Drémil. Cette chapelle était très ancienne puisqu’il est dit qu’en 1237 Bernard de Beaupuy était chapelain des églises de Lavalette et de ses annexes, dont Ste Quitterie. Aujourd’hui une croix rappelle qu’il y avait là aussi un cimetière, dont les ossements ont été regroupés vers 1920 sous cette croix. Autrefois, avant la Révolution, habitaient en ce lieu quelques membres de la Confrérie des Frères Cordonniers. Après la Révolution, ce lieu s’est appellé « Berdoulat », du nom du propriétaire qui a acquis la métairie de Ste Quitterie en 1804. Quant à l’église et au cimetière ils ont été vendus la même année à un dénommé Laffererie de Toulouse qui a démoli l’église quelques années plus tard.


 -     Quelques maisons dispersées dans la campagne monsoise ont aujourd’hui disparu. Entre Espigat et Bordeneuve, on peut citer Gaget, et Plane-Daste portés sur d’anciens plans. De même dans la côte de La Pigasse, il y avait une maison appelée Fabarel du nom de son propriétaire ; à ne pas confondre avec Favarel situé en bordure du chemin du moulin. Sur la route de Cantalauze, avant le bois de Mondouzil, à droite il y avait « la métairie des bois », appelée aussi « Cantalauze » dont on voyait encore quelques traces dans les années 1970. Le nom de la métairie des Chartreux, « En Gilardon » sur la carte de Cassini (vers1780), tout prés de Monac, n’est plus mentionné aujourd’hui. Enfin
dans le champ de la Briqueterie, aujourd’hui lotissement, il y avait, en bordure du bois, très certainement une maison, jamais signalée dans les archives, mais dont on décelait les fondations sur les photos satellite.

-      Un quartier récent retient notre attention tellement les noms de rue font référence à un ancien château : rues ou passages du Château, des Echauguettes, des Douves, du Donjon, de la Barbacane. Il s’agit là de l’ancien château-fort de Mons qui était déjà en ruines au 15ème siècle. La reconnaissance du 8 mars 1460 faîte par le seigneur Raymond de Puybusque rapporte : « … en partie de terre en partie de murailhe vieille et ruineuse entouré de fossés et autrefois de pont-levis … ». Un autre Raymond de Puybusque est signalé « seigneur de Mons » vers 1211, ce château était donc très ancien. Les derniers vestiges ont été démolis dans les années 1800, et les dernières briques auraient été enlevées en 1866. La ferme qui se situe en ce lieu avant la réalisation du lotissement s’appelle Mialle, du nom d’un ancien métayer.


     Dans ce même lotissement se trouve la rue des Chartreux. Pourquoi est-elle  appelée ainsi ? Tout simplement parce que le 7 octobre 1617 la Chartreuse de Toulouse achète la seigneurie et le château de Mons au dernier seigneur de Mons Paul de St Jean pour 28000 livres tournois. La seigneurie de Mons restera possession des Chartreux jusqu’à la Révolution. Le 20 novembre 1791, les châteaux de Mons, Mondouzil, et Paulel, et les domaines attenants seront achetés par Catelan De Caumont pour 55440 livres en tant que biens nationaux.


-      Concernant le château de Clairac, certains vieux monsois - y ayant même habité – l’ont connu sous le nom de « Mayet ». C’était le nom d’anciens propriétaires du château : Octave et Auguste Mayet ont été tour à tour maires de Mons de 1874 à 1883. Le nom de « Mayet » a été utilisé peut-être pendant un demi-siècle, puis le nom d’origine « Clairac » a repris ses droits. Ce nom de « Clairac » est très ancien, on parlait avant la Révolution du Consulat de Clairac qui était distinct du Consulat de
Mons. Les BARRAVY, Pierre (vers 1550), Jean, Jean-Pierre, puis Pierre, ont été tous les quatre seigneurs de Clairac (parfois écrit Cleyrac) au 16ème et 17ème siècles. Les CASSAN, Jean-Pierre, puis Pierre, leur ont succédé comme seigneurs de Clairac au cours du 18ème siècle. Sur la carte de Cassini (vers 1780), on distinguait deux châteaux, celui de Clairac-Cassan et celui de Clairac-Fajolles. En 1761, De Cassan-Clairac fût conseiller rapporteur de l’affaire Calas.


-      Au bout de l’avenue du Lauragais, un petit lotissement est appelé « Clos des Eglantines ». Nous ne connaissons pas les raisons qui ont conduit à l’attribution de ce nom, peut-être la présence de quelques églantiers dans la haie qui longe ce lotissement. On pourrait ajouter, de façon quelque peu romantique, que ce nom serait en rapport avec un ancien troubadour, marchand de Toulouse , peut-être natif de Mons, Martin de Mons. Celui-ci remporta en 1436, pour une de ses oeuvres, le prix de l’Eglantine attribué par le Consistoire du Gai Savoir qui deviendra par la suite l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse.


-      Certains noms de terroirs de Mons, retrouvés dans les archives, nous conduisent à rêver.
C’est le cas de « Bel Soleil, et A Bon Repos, … ». Le nom de Goyrobal ou Goyroval aurait comme traduction en occitan : « vallon des buses », pour celui de Cantalauze (parfois écrit à tort Cantaloze) l’origine pourrait être « canto laouzeto » (chante alouette), mais c’est avant tout le nom d’une famille dont certains membres ont vécu à Mons et à Drémil. Le nom « Le Glacier » nous laisse croire qu’il ferait là plus froid, erreur, c’est le nom d’un ancien propriétaire des lieux appelé Glassié (avec 2 s).


     Enfin selon les archives on trouve souvent plusieurs écritures pour un même nom, c’est peut-être parfois de simples fautes d’orthographe. Ainsi plus récemment, on trouvait : chemin de La Planète, au lieu de chemin de La Planette : de quoi rêver une nouvelle fois. Sur des plans récents de la commune, on trouve près de Trinchant le mot « Portail », ici une mauvaise lecture pourrait expliquer ce nom, en effet le domaine de Trinchant appartenait au cours du 19ème siècle à la famille Payret d’Ortail, ce qui avait donné sur certains documents le nom « Dortail ». De Dortail à Portail il n’y avait qu’un pas à franchir ; il faut cependant préciser qu’il y avait bien là autrefois un portail, démoli vers 1990.



     Nous venons de donner ici quelques repères sur l’origine des noms de nombreux lieux de notre village. Pour bien situer ces lieux, procurez-vous le plan de Mons mis à votre disposition à la Mairie. Nous serons conduits dans les prochains mois à approfondir l’histoire de plusieurs de ces lieux, et à développer les remarques mentionnées ci-dessus. Nous n’excluons pas que certaines erreurs aient pu se glisser dans notre texte, et nous serons très attentifs aux corrections que vous pourriez nous apporter.

     Nous rassemblons petit à petit des éléments d’histoire sur les seigneurs de Mons : les Maurand, les Puybusque, les St Jean. Nous faisons de même pour quelques familles nobles de Toulouse ayant habité ou ayant possédé des terres à Mons : les De Carrière, les de Costa, les d’Espigat, les Dubourg, les De Lagorrée, …Nombreux parmi eux étaient capitouls, conseillers au Parlement, …

     La plupart des informations historiques présentées ci-dessus proviennent des différents compoix, cadastres, et reconnaissances réalisés depuis prés de 500 ans : reconnaissances des années 1600 et 1718, arpentement de 1659, compoix de 1666, cadastre de 1824.

     Pour plusieurs des lieux cités plus haut, nous possédons des photos comparatives d’hier et d’aujourd’hui ; vous pourrez retrouver ces photos dans une brochure mise à votre disposition au secrétariat du Foyer Rural pour la modeste somme de 5 euros. 

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