jeudi 23 octobre 2014

La monographie de Théophile Lasserre de 1885

MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE MONS

1885

Département de la Haute-Garonne


Canton Sud de Toulouse
Arrondissement de Toulouse

Commune de Mons
par Lasserre Théophile
Position :
La commune de Mons tire son nom de sa position géographique, car elle est située sur un plateau élevé. Son nom s’écrivait autrefois « Mont », de montagne.
Mons est du département de la Haute-Garonne de l’arrondissement de Toulouse, et du canton Sud de Toulouse. Sa distance à cette ville est de 12 kilomètres 800. Il est à 1° 45 de longitude ouest, 43° 37 de latitude nord, et 250 mètres d’altitude.

Forme :


Sa forme est celle d’un quadrilatère deux fois plus long que large. La plus grande largeur est du nord au sud de 2 km 400, la plus grande longueur de l’est à l’ouest est de 4 km 700.

Limites :
Mons est borné, au nord, par la commune de Lavalette jusqu’au chemin communal de Mondouzil dit la Côte d’André ; puis par la commune de Mondouzil jusqu’à la côte du Pagé, de Mons, et enfin par la commune du Pin-Balma qui la limite aussi à l’ouest. Au sud, ses limites sont : le ruisseau de la Seillonne, qui la sépare de Pin-Balma, jusqu’au chemin vicinal n°4, et de Flourens ensuite. A l’est, Drémil limite Mons.

Superficie :
La superficie de la Commune de Mons est de 731 hectares 54 ares 70.

Aspect physique :
La partie centrale de la Commune comprend un plateau s’élevant vers le nord. A l’extrémité nord se trouve un autre plateau. A l’est le plateau central s’affaisse brusquement jusqu’au fond d’une vallée ou coule un ruisseau le Roussel. La rive gauche du Roussel remonte insensiblement jusqu’à la limite est de la Commune. Au sud le plateau central s’abaisse graduellement jusqu’à la Seillonne. Au sud-ouest et à l’ouest, il décline insensiblement jusqu’au Pin-Balma. Au nord-ouest, il suit d’abord la déclivité du sud-ouest et s’élève ensuite presque à pic jusqu’à la limite de la commune.

Structure du terrain :
Le sol de la Commune de Mons est argileux.

Carrières :
Mons n’a ni mines, ni carrières, à moins que l’on ne considère comme telles des carrières au niveau du sol ou à très peu de profondeur, d’où on extrait du moellon assez dur pour pouvoir servir à l’empierrement des chemins vicinaux. Ces carrières sont situées au sud-est et au sud-ouest aux lieux dits : Lassalle et Flajolles (pour Fajolles).

Cours d’eau :
Le cours d’eau qui limite la commune au sud est un petit ruisseau d’une longueur de 25 kilomètres allant du sud-est à l’ouest. Il prend sa source dans la commune de Caraman, Hte Garonne, arrose Lanta, St Pierre de Lages, Drémil-Lafage, limite Mons et Flourens, traverse encore le Pin-Balma et Montrabé et se jette dans la Sausse à l’Union, canton centre de Toulouse. La Seillonne coule toute l’année, à moins cependant que la sècheresse ne soit trop grande en été. Elle est sujette à des débordements à cause du peu de profondeur et surtout du mauvais état de son lit. Ces débordements ont lieu principalement en mai et juin. On passe à gué la Seillonne. Le chemin d’Intérêt commun n° 50 et le chemin vicinal n°4 la franchissent pourtant sur des ponts voûtés en maçonnerie, d’une solidité à toute épreuve.
L’affluent de la Seillonne, rive droite, est le Roussel qui prend sa source dans la commune de Vallesvilles, canton de Lanta, Hte Garonne, et vient se jeter dans la Seillonne à Mons. Le Roussel coule jusqu’en août. Sur la rive droite, la Seillonne reçoit un autre affluent, très peu important, c’est le ruisseau de Fonds Valette. Aucun autre cours d’eau ne traverse la commune

Bois :
La commune de Mons a 63 hectares de bois. Chaque 15 ans, ces bois sont coupés. La surface du terrain occupé par les bois diminue chaque année, à cause du peu de revenu que l’on en obtient. On comptait 104 hectares de bois en 1827.

Climat :
Mons jouit du même climat que Toulouse, tempéré … Rarement aussi, trop chaud en été. Les plus longues journées sont de 17 heures et les plus courtes de dix heures. L’air y est pur et sain. Les vents les plus fréquents sont ceux du sud-ouest ou d’autan, et du nord-est ou de sers. Le premier est souvent un véritable fléau, surtout s’il souffle au moment de la floraison des arbres ou de la maturité des blés. Il amène généralement la pluie ; infailliblement, si le vent de Sers lui succède sans interruption.

Population :
Le chiffre de la population est de 257 habitants. Cette population est répartie en 62 ménages. Elle va en décroissant depuis 1800, époque où elle a été la plus considérable. En 1782, Mons comptait 316 habitants donnés par 65 ménages. En 1800, 340 habitants et 67 ménages, en 1850 331 habitants et 69 ménages.
Cette population habite dans des maisons bien aérées, saines, bâties en briques et en mortier de chaux, à un étage au village, avec rez-de-chaussée seulement dans la campagne.
Les maisons sont tenues dans un état de propreté parfait ; généralement elles sont contiguës à un jardin potager bien entretenu ; une plate-bande de fleurs orne le devant de la maison. L’état sanitaire de la commune est excellent.

Fonctionnaires :
La commune de Mons possède une salle de Mairie, 2 écoles primaires, une église et un presbytère. L’instituteur a été donné à la commune en 1856, l’institutrice en 1882.

Culte :
Avant 1801, la commune de Mons, appartenant entièrement au culte catholique, était annexée pour le culte à la paroisse de Drémil. En 1801 elle forma, unie à la commune de Flourens, un arrondissement paroissial ; mais le prêtre habitait Flourens ; Mons fut érigé en succursale en 1840.*

Curiosités :
Mons ne peut montrer aucune curiosité naturelle.

Agriculture et Industrie :
Les Produits agricoles peuvent se diviser en produits alimentaires : blé, maïs, pomme-de-terre, haricots, pois, fèves, vignes.
* Fourrages : prairies artificielles et naturelles. Les premières comprennent la grande luzerne, le sainfoin, le trèfle, le trèfle incarnat ou farouch. On cultive encore comme fourrage vert, les vesces et le seigle, …
* Bois.
* Produits industriels : le lin.
* Fruits : pommier, poirier, pêcher, abricotier, cerisier, guignier, prunier, amandier, noyer et figuier. Ces arbres sont cultivés exclusivement pour la consommation locale. Il en est de même pour la fraise, la framboise, et autres produits horticoles.
L’assolement des terres est biennal ou triennal selon la quantité d’engrais dont peu disposer le propriétaire. On emploie très peu d’engrais chimiques. Le petit propriétaire surtout est dur à abandonner la routine et la vieille agriculture.
Les terres sont ainsi divisées :
* bois : 63 hectares,
* prés naturels : 40 hectares,
Les 393 hectares qui restent peuvent se diviser en 3 parties égales :
1° blé, 2° maïs, 3° fourrages artificiels ou légumes.


Chaque coupe de bois produit en moyenne 11 bûchers (37 stères) de gros bois et 1300 fagots par hectare.
Les prairies naturelles donnent 20 quintaux de fourrage par hectare.
La vigne donne actuellement 24 hectolitres par hectare ; le blé 18 et le maïs 25 (à traduire en quintaux).
Enfin un hectare de grande luzerne, appelée ici sainfoin, produit en moyenne 30 quintaux de fourrage et la luzerne proprement dite, 20.


On trouve à Mons les animaux suivants :
le bœuf, le cheval, le mulet, très peu d’ânes, le porc, le mouton, les diverses volatiles de basse-cour et les abeilles. On n’élève que très rarement le ver-à-soie.
L’élevage des bestiaux, surtout des bestiaux de l’espèce bovine, tend à prendre de l’extension.


En général l’agriculture fait des progrès. Les terres sont travaillées avec plus d’intelligence qu’autrefois. Les machines agricoles ont fait leur apparition et s’acclimatent peu à peu.
L’industrie est représentée par un boulanger, un aubergiste, deux meuniers, deux maîtres-maçons-charpentiers et leurs ouvriers, un forgeron, un tailleur et un briquetier.
Le commerce local est bien petit. Le boulanger et le briquetier vendent pourtant leurs produits à toutes les communes circonvoisines. Deux épiciers-merciers se sont établis au village.

Voies de Communication :
La commune de Mons est abondamment pourvue de voies de communication : 2 chemins d’intérêt commun, les n°50 et 52 la relient à Toulouse ; le chemin d’intérêt commun n°67 la relie à Verfeil. Le n°50, par 2 embranchements, la fait communiquer avec le canton de Lanta et de Castanet. Deux chemins vicinaux ordinaires empierrés desservent les parties de la Commune qui ne traversent point les chemins d’intérêt commun. Aucune voie ferrée, aucune voiture publique, rien ne dessert la commune.

Mesures locales :
Aucune mesure locale spéciale n’est en usage à Mons. L’arpent unité pour la mesure des terrains vaut 56 ares 90. Il se divise en 4 pugnerées et 32 boisseaux.

Quartiers :
Les principaux quartiers de la commune sont :
1° le Village, centre principal, avec 13 feux et 15 habitants,
2° Lagarrigue, 3 feux et 18 habitants,
3° Gilède, 6 feux et 27 habitants,
4° L’église, 7 feux et 25 habitants,
5° Trinchant, 7 feux et 27 habitants,
6° Clairac, 7 feux et 30 habitants,
7° Lassalle, 7 feux et 31 habitants,
8° Costa, 5 feux et 24 habitants,
9° Ermitage, 4 feux et 17 habitants,
10° Gaudens, 3 feux et 13 habitants.

Histoire :
La commune de Mons existait avant l’an 1600 ; ainsi que le constatent les archives communales. Elle faisait partie du diocèse de Toulouse et appartenait directement au roi. Gouvernée par les intendants de sa majesté, elle était donnée chaque année par voie d’adjudication au seigneur le plus offrant. Le prix moyen était de 400 livres. Elle n’a point d’autre histoire féodale, quoiqu’on y voit encore un château seigneurial et qu’un autre château, dont les fossés qui l’entouraient existent encore, ait été démoli depuis peu. Le premier château appartenait aux seigneurs de Clairac, dont les territoires formaient, sous le nom de consulat de Clairac, une sorte d’annexe de la commune de Mons. Le seigneur de Clairac devait fournir à la commune de Mons un cinquième des impositions totales. En 1789, sur la demande des habitants de la Communauté, on supprime ce consulat et cette division.
L’autre château, dit château de Mons, dépendait des pères Chartreux résidant au château de Mondouzil.
En 1791, Mons se fit remarquer par son ardeur réformatrice et ses tendances révolutionnaires. Le 23 vendémiaire de l’an 2, la municipalité, ayant à sa tête le citoyen maire G. , demanda l’abolition du culte catholique dans la commune. Les vases sacrés et les chandeliers de la ci-devant église furent transportés au siège du Comité de salut public de Toulouse pour pouvoir être fondus et servir à la fabrication d’armes pour la défense de la patrie.
Le 20 germinal, an 2, eut lieu la plantation de l’arbre de la Raison donné par le ci-devant noble de Bru. Des discours violents furent prononcés ; on dansa autour du symbole de la liberté et les cris de « Vive la Montagne » retentirent.
Aucun fait digne d’être rapporté ne s’est passé dans la commune depuis notre Grande Révolution.
En 1871, on a découvert au village un vaste souterrain composé de chambres assez spacieuses, après lesquelles est un corridor se dirigeant vers les grands bois de Mondouzil. Certaines personnes versées dans la connaissance des sciences archéologiques donnent à ce souterrain une origine druidique.
Quand la France fut divisée en départements, la Commune de Mons fut du canton de Verfeil. L’an II, réunie à Flourens, elle forma une communauté ; mais bientôt après elle fut érigée en commune distincte et attribuée au canton Sud de Toulouse.

Finances :
Mons est de la perception de Flourens. Il paye 7 270, 67 d’impositions. Le budget communal est compris dans cette somme pour 4918,96. La valeur du centime est de 33 ; les revenus ordinaires sont de 150.
En 1774, les impositions s’élevaient seulement à la somme de 1 937 livres, 10 sols.
En 1789, à celle de 2 443 livres 13 sols.
En 1820, à 4 654, le budget communal étant compris dans ce chiffre pour la somme de 233,17.
En 1850, les impositions atteignaient le chiffre de 6 016,10 et le budget communal, celui de 1283.

Musique
Une société musicale instrumentale s’est formée à Mons sous le nom de « Harmonie de Mons ».

Bureau de tabac :
Un bureau de tabac et de recette buraliste a été obtenu en 1884.

Mœurs :
Les mœurs de la population sont bonnes. Probe, laborieux, soumis aux autorités locales, le campagnard se plaît dans sa famille, et s’il va au cabaret, c’est dans l’après-midi du dimanche : il fait sa partie et rentre chez lui après avoir dépensé 0.25 ou 0.30.
Il aime à recevoir une fois chaque année, ses parents et ses amis à l’occasion de la fête locale.
Cette fête dure deux jours, le dimanche et le lundi précédant le 29 novembre. Ce sont deux jours de liesse. Rien ne manque à la table. Sur la place publique un bal est organisé. La commune entière contribue aux dépenses occasionnées par les amusements. Chacun tient à verser son offrande dans la corbeille pleine de fleurs, qu’au son de la musique, les jeunes gars vont présenter à tous dans chaque maison.
Le costume de l’habitant du village diffère peu de celui de l’ouvrier citadin : bottines, veston court ou blouse longue, casquette ou petit chapeau pour l’homme. Longue robe à falbalas, habit serré à la taille pour la fille et la jeune femme. Celui du cultivateur ou du véritable paysan est plus simple. brodequins ou sabots ; rarement de veston, mais blouse courte, ornée de boutons en couleur sur toutes les coutures, casquette ou chapeau à grands bords. La femme porte le cotillon court, le cazabeth large, ne couvrant point la taille. ….. que la jeune personne ainsi est coiffée d’un bonnet, la paysanne retient ses cheveux avec la gentille coiffe blanche de la grisette des villes ou le foulard des béarnaises.

Idiome :
Tout le monde parle le patois dans la conversation ordinaire.

Enseignement :
La commune de Mons a un instituteur depuis l’année 1856. Jusqu’en 1883, son école a été mixte. Le 1er octobre (8bre) 1883, une école de filles fut crée.
Les bâtiments scolaires ne laissent rien à désirer, et la commune n’a reculé devant aucun sacrifice pour assurer à l’instituteur, à l’institutrice et aux salles de classe une bonne installation.
Les enfants fréquentent assidument l’école pendant l’automne, l’hiver et le printemps. Pendant les mois de juin, juillet et août, ils s’absentent fréquemment.
Toute la jeunesse sait lire et écrire. Pas un n’est illettré de 25 à 10 ans.
L’école possède depuis 1867 une bibliothèque renfermant 99 livres. Ces livres sont lus par les familles. Le nombre de prêts s’élève en moyenne à 10 chaque année. En outre, la bibliothèque est abonnée à des publications périodiques littéraires ou agricoles. Ces publications sont lues avidement. Disons qu’elles n’ont rien de politique.
La commune ne donne point de traitement spécial aux instituteurs.

Cette monographie manuscrite datée de 1885, est signée Lasserre.

1ère page du document manuscrit :




Les monographies des instituteurs de la fin du XIX° siècle :

Ces monographies ont été réalisées à la fin du XIX° siècle par les instituteurs sur la demande du Ministère de l'Instruction Publique pour la préparation des expositions de l'enseignement primaire public aux expositions universelles de 1889 ou de 1900.
Concernant la Haute-Garonne les monographies ont été réalisées en 1885 et les Archives Départementales en conservent un grand nombre (530 sur 588 communes). Une brochure sur les monographies (en vente aux Archives Départementales) a été publiée en 1993 : "De mémoire d'instituteur - monographies communales de la Haute-Garonne". ( Brigitte Saulais )


Théophile LASSERRE :

Théophile devient le 3ème instituteur public de Mons en 1874, à l’âge de 20 ans. Sa femme Honorine le rejoindra comme institutrice en 1883.
Ils feront de l’école de Mons une école modèle avec troupe de théâtre, orphéon, … Tous deux sont enterrés au cimetière de Mons. Il sera aussi secrétaire de mairie. Nous reviendrons dans un article plus étoffé sur sa vie et ses réalisations à Mons.









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