vendredi 24 octobre 2014

Théophile et Honorine LASSERRE Instituteurs à Mons

Théophile et Honorine LASSERRE
Instituteurs à Mons

La plupart de ces informations nous ont été communiquées par Simone Lafont, née Mercier, l’arrière petite-fille de Théophile et d’Honorine Lasserre.

1854 : naissance le 11 août de Théophile Germain Jean-Marie LASSERRE, à Montgeard (31), fils de Cyrille né à Baziège le 30 janvier 1815 et de Catherine Caïre née à Issus (31) le 11 avril 1822. Cyrille sera instituteur à Montgeard de 1845 à 1863.

1863 : son père, Cyrille, devient instituteur à Mons, et s’y installe avec sa famille. Il sera vraisemblablement le 3ème instituteur public de Mons, et remplacera Théodore Courtiès. L’école-mairie n’ayant été construite qu’en 1865, les 3 premiers instituteurs publics de Mons auraient enseigné dans les locaux de l’ancienne école privée tenue par des religieux, appelée aujourd’hui « Le Pigeonnier » ou « Cammages » du nom d’un ancien propriétaire maître-perruquier à Toulouse.

1874 : Cyrille décède le 7 mars 1874, âgé de 59 ans. Son fils Théophile, âgé de 20 ans, prend sa succession comme instituteur à Mons . Le 1er avril, l’Inspecteur d’Académie adresse une lettre au Préfet pour l’informer du décès de Cyrille, et propose la nomination de Théophile comme prochain instituteur de Mons. Cyrille aurait demandé que son fils lui succède. Il s’agit d’une « famille d’instituteurs » puisqu’une nièce de Théophile sera aussi institutrice.

1881 : Théophile épouse Honorine Carcassès , couturière comme sa mère, âgée de 17 ans, née le 7 septembre 1864 de Pierre Carcassès, maçon, et de Jeanne Jourda. Honorine décèdera en 1941, à l’âge de 77 ans, 10 ans après son mari Théophile.


1882 : Théophile, ayant appris la musique aux enfants de l’école de Mons, crée un orphéon. Ce
groupe se produit dans plusieurs villages et villes de la Haute-Garonne, et participe en particulier à un
concours à Bessières (1882), où il obtient la médaille ci-dessous. Le drapeau de cet orphéon se trouvait encore à la mairie de Mons en 1937.



1883 : naissance de Jeanne Léontine Lasserre, fille de Théophile et d’Honorine, le 3 juin 1883.
Jeanne se mariera le 14 avril 1903 avec François Forest (1878-1951), qui deviendra maire de Mons de 1925 à 1941 (année du décès d’Honorine). François Forest héritera du Château de Clairac de son oncle Jean Sentis sans enfants. En 1941, il le vendra à De Bruyne, famille belge expropriée d’un domaine proche de Nîmes.


1883 : Honorine devient institutrice à Mons, à l’âge de 19 ans, par lettre de l’Académie en date
du 8 janvier 1883, suite à la création d’une classe enfantine (délibération du conseil municipal du 23
juillet 1882).


1885 : Théophile rédige la monographie de la commune de Mons (9 pages manuscrites, Archives
Départementales Rèf. BR4, 549). Ces monographies communales ont été réalisées par les instituteurs sur la demande du Ministère de l'Instruction Publique pour la préparation des expositions de l'enseignement primaire public aux Expositions Universelles de 1889 et de 1900.


1893 : début novembre (certainement le 1er) Théophile se rend à l’Institut Pasteur à Paris pour accompagner sa mère Catherine et un enfant de Mons François Sempé, tous deux mordus par un chat enragé (lettre de la direction de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse du 31 octobre au Maire de Mons Alexis Durand, et article de l’Express du Midi). Théophile avait emporté de l’alcool (appelé alors absinthe) dans ses bagages ; il précise dans une lettre que cela lui attirait les bonnes grâces du personnel de l’hôtel, mais aussi du concierge de L’Institut. Ce concierge devait lui ménager une rencontre avec Pasteur, peut-être celle-ci a-t-elle eu lieu ? vers 1880 – 1885 : Il a été précepteur du Marquis François Louis Pons de Dadvisard de Talairan (1875- 1962) de Mondouzil (photo ci-dessous). A partir de 1883 les enfants de Mondouzil viennent à l’école à Mons. Le Marquis François de Dadvisard héritera du château de Mondouzil, et sera maire de Mondouzil de 1920 à 1962. Les terres du « château » de Mons (ferme de Mialhe) avaient été vendues par son père Alfred Louis Amable en 1866 à M Gaulène. Alfred de Dadvisard a été maire de Mons de 1871 à 1873.



1900 : Théophile et Honorine se rendent à Paris à l’Exposition Universelle. A leur retour ils décident de créer au niveau de l’école de Mons une troupe de théâtre, lui réalise des scénarii, elle réalise des costumes compte tenu de sa formation de couturière. La troupe se produira dans de nombreux villages et villes de la Haute-Garonne, de nombreuses médailles (ci-dessous, à gauche) témoignent de tous ces déplacements. Ils joueront la pièce Les Cloches de Corneville, oeuvre de Planquette, créée en 1877.



1903, 14 avril : Jeanne-Léontine Lasserre épouse François Forest (voir sur acte de naissance)

1905 : Théophile reçoit la Médaille du Mérite Agricole, pour sa contribution à la formation des
agriculteurs du village dans le cadre de la modernisation de l’agriculture.



1909 : arrivée à Mons d’une nouvelle institutrice Mme Marot, en remplacement peut-être de
Théophile (55 ans) ? ou de Honorine (45 ans)?

1931 : Décès de Théophile Lasserre le … , à l’âge de 77 ans. Sa femme Honorine décèdera 10 ans
plus tard en 1941. Leur tombe se situe dans le cimetière de Mons dans l’allée centrale à droite. Pour
remercier Théophile de son action dans tous les domaines, la paroisse de MONS a fait déposer une
plaque à son nom dans l'église.



     
     Théophile Lasserre avait acheté « La Croix », ferme située dans le virage à l’extrémité de
l’avenue des Pyrénées, il habitait là avec sa famille. Ce quartier de Mons est appelé Gaudens.


     Théophile a été aussi secrétaire de mairie. Il jouait aussi de l’harmonium lors des offices
à l’église de Mons (texte « Mon village » de Simone Lafont, son arrière petite-fille).
« …. les dimanches où, à la sortie de la messe, après les chants accompagnés à
l’harmonium par mon arrière Grand-père, les familles se rassemblaient, échangeaient
les nouvelles, les naissances, les lettres des soldats au front, s’interrogeaient sur la
santé des voisins ou sur les évènements qui les concernaient ; c’était une ambiance
chaleureuse et fraternelle. »

Extraits de
              « L’Hommage à mon arrière grand-père, instituteur d’autrefois »
                                                                                                              par Simone Lafont

     A eux deux ils font de l'école de MONS une école modèle : tous les garçons apprennent la musique et jouent d'un instrument. Théophile monte avec eux un "orphéon" qui participe à des concours régionaux et obtient des prix de la ville de Toulouse ou des villes des environs. 

     Théophile et Honorine montent aussi une troupe théâtrale avec leurs élèves. Ils interprètent des pièces classiques, ou s'inspirent des oeuvres contemporaines à la mode, d'Edmond Rostand ou de Jules Verne, car à l'occasion de leur voyage à Paris, lors de l'Exposition Universelle de 1900, ils ont vu Sarah Bernard dans le rôle de l’Aiglon. Honorine, dont le premier métier était la couture, confectionne habilement les costumes. Tous deux organisent les répétitions et la mise en scène, et donnent le spectacle aux habitants du village.

     Théophile fait des recherches agronomiques pour améliorer les récoltes et intéresse ses élèves à ses expériences. Il obtient en 1905 la croix du Mérite Agricole.

    En 1893, la mère de Théophile et un enfant de MONS furent mordus par un chat enragé. Théophile fut désigné pour les accompagner à Paris afin d'y être vaccinés par Louis PASTEUR. Théophile écrit à Honorine de longues lettres où il décrit avec enthousiasme et talent la ville, les monuments les musées.

Ces lettres m'ont été remises par ma Grand-mère et je les conserve précieusement.

     Pour remercier Théophile de son action dans tous les domaines, la paroisse de MONS a fait déposer une plaque à son nom dans l'église.
   
     Je n'ai pas connu mon arrière-Grand Père car il est décédé six mois après ma naissance, mais je suis heureuse qu'il ait posé son regard sur moi et que sans doute ... je lui ai souri.


Pourquoi une « Rue des Chartreux » à Mons ?


« Le 7 octobre 1617, Paul de Saint-Jean, seigneur de Mons, vendit noblement à la Chartreuse de Tolosa la Seigneurie de Mons … »

     L’ordre des Chartreux a été créé par St Bruno au XIème siècle. La Grande Chartreuse est fondée en Isère en 1084. De nombreuses chartreuses vont se développer en France. En 1315 la Chartreuse de Beaulieu (ou Loubatières) est fondée dans la Montagne Noire ; cette chartreuse déménage en 1361 pour s’établir à Saïx, prés de Castres, et devient la Chartreuse Notre-Dame de Beauvoir (ou Belvèze). Elle est détruite en 1567 lors des guerres de religion, puis reconstruite en 1674 ; elle sera définitivement fermée à la Révolution.

     Dès 1569, les premiers moines, venant des chartreuses de Castres et de Cahors, s’établissent à Toulouse, dans le quartier de St Pierre des Cuisines, là où sera construite quelques années plus tard la Chartreuse de Toulouse - aujourd’hui emplacement de la faculté des Sciences Sociales. La construction de l’église de la Chartreuse, appelée aujourd’hui St Pierre des Chartreux, a été réalisée de 1606 à 1612. Un texte daté de 1665 précise : « … leurs prédécesseurs sy devant establis à Castres ayant été solicités avec empressement par les Capitouls, procureurs, officiers et habitants de nostre ville de Toulouse d’y transférer leur Chartreuse. Ils y auraient acquiéssé aux conditions portées par les délibérations des années 1602 et 1606 … par lesquelles ils sont déclarés exempts de toutes tailhes, emprunts, charges ordinaires et extraordinaires … ».

     En 1614, la Chartreuse de Toulouse achète la seigneurie de Mondouzil au seigneur Nicolas de Drot. En 1617, c’est le tour de la seigneurie de Mons, achetée au seigneur Paul de Saint-Jean. D’autres terres ont été acquises à Flourens, auprès de Odet de Saint-Jean, frère de Paul. Les chartreux achèteront aussi la seigneurie de Paulel au seigneur Jérôme Bandinelly.



     “ En l’année 1617, Messire Paul de Saint-Jean conseiller vendit noblement a la chartreuse de Tolose la Seigneurie de Mons, a la reserve de 58 arpents 13 pugnerees de fonds rural pour le quel il payait taille sous l’allivrement 1 de 7 livres livrantes 1 … “


     Lors du compoix 2 de 1666, les Chartreux possèdent à Mons : 55 arpents 3, 13 pugnerées 3 et 11 boisseaux 3, soit environ 33 hectares.

     Dans les trois cas (Mons, Mondouzil, Paulel) l’achat concerne à la fois les châteaux et les terres attenantes. Le Château de Mons est signalé en ruines dès 1460 dans la reconnaissance (du 8 mars 1460) du seigneur Raymond de Puybusque : « tour en partie de terre en partie de murailhe vieille et ruineuse entouré de fossés et autrefois de pont-levis … ». Compte tenu de l’état délabré de ce château à cette époque, on peut penser que personne n’y habitait. Par contre des frères converts, métayers, domestiques habitaient très certainement au Château de Mondouzil. Peut-être certains chartreux, en particulier le procureur et sindic de la chartreuse, venaient-ils de temps en temps au Château de Mondouzil et parfois au Château de Mons pour administre ces domaines ? Peut-être un métayer habitait-il dans une dépendance de ce château en ruines ? Toutefois, il est dit dans les reconnaissances de 1718, que les feudataires4 (tenant en fief 4 du seigneur) « annuellement et à perpétuité se rendre au château dudit lieu de Mons pour payer les censives 4 », du moins en ce qui concerne les censives en nature (bled, froment, gélines 5 …), les censives en argent étant directement payables à la Chartreuse à Toulouse.

     Le compoix de Mons de 1666 nous apporte les informations suivantes :





     Les terres appartenant aux Chartreux étaient principalement situées autour du Château, aujourd’hui disparu. Seuls les noms de rue de ce quartier en rappellent la mémoire. Tout le plateau, d’un seul tenant, situé entre l’église, le village, et le consulat de Clairac, leur appartenait (voir plan ci-dessus de 1783-1786). La partie située autour du Château s’appelait « al Claux », celle qui “ confrontait“ le Consulat de Clairac s’appelait « Brantalou », aujourd’hui « Gaudens ». On trouvait là un certain nombre de dépendances : moulin à vent et moulin pastelier, tuilerie, … Le « puits commun » se situait non loin de là en allant vers le village.

     A ces terres s’ajoutaient de nombreuses autres parcelles dispersées sur tout le Consulat de Mons, par exemple des parcelles de vigne sur le versant qui domine le ruisseau du Roussel (aujourd’hui lotissement du Coustous).

     Le nom de « Rue des Chartreux » a été donné à la rue qui aujourd’hui traverse d’est en ouest ce quartier de Mons. C’est là où se situait, de 1617 à 1789, le domaine monsois de la Chartreuse de Toulouse, avec son Château - alors déjà en ruines. Les Chartreux possédaient aussi sur Mondouzil des terres et un château certainement en bien meilleur état que celui de Mons où logeait le régisseur de ces deux domaines qui étaient contigus ; un chemin – qui existe encore aujourd’hui, le chemin du bois de Mondouzil - reliait les deux châteaux.



     Les seigneurs de Clairac (ci-dessous : noble Pierre CASSAN, écuyer) payaient censives aux Chartreux pour des terres qu’ils tenaient en fief du seigneur de Mons. La Chartreuse de Toulouse, propriétaire alors de la seigneurie de Mons, bénéficiait des mêmes privilèges que le seigneur.


“Regnant tres chretien Prince Louis par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre, pardevant Moy Notaire Royal et témoins bas nommés a été présent Noble Pierre Cassan Escuyer Seigneur de Clayrac Lequel de son bon gred et franche volonté a Reconnu et Confessé avoir et tenir en fief de la directe perpétuelle du venerable Couvent de la Chartreuse de Toulouse, Seigneur directe du Lieu de Mons diocèze et Senechaussée de Toulouse Le venerable père Dom …“ ADHG.

     Un procès, qui durera près d’un demi-siècle, de 1660 à 1709, aura lieu entre les chartreux et les consuls de Mons. Ces derniers avaient imposé à tort certaines terres appartenant aux chartreux. Ces terres, autrefois terres du seigneur, donc « nobles », devaient en conséquence être exemptées d’impôts. 


     Lors de la Révolution, en 1789, les biens de la Chartreuse de Toulouse sont saisis. Dans l’inventaire des BIENS NATIONAUX figurent les informations suivantes concernant les terres et métairies leur appartenant. A côté des trois châteaux de Mondouzil, Paulel, et Mons, figurent environ 550 hectares de terres. Ces biens concernaient aussi les communes de Balma, Flourens, Quint-Fonsegrives, et St Orens. A titre de comparaison la superficie totale de la commune de Mons se situait aux environs de 730 hectares (monographie de Théophile Lassserre, 1885).


     Une partie de ces biens - les châteaux et domaines de Mondouzil et de Paulel, les métairies de Lassalle, de Mons, de La Pigasse, de Bordebasse, de Laspeyres, de Lance, d’En Rivière, moulin, forge et terres - est vendue, comme Biens Nationaux, le 20 novembre 1791, au Marquis Jean-Antoine De Catellan De Caumont. Celui-ci fût, dès 1782, à l’âge de 23 ans, premier avocat général au Parlement de Toulouse. Il deviendra par la suite député de la Haute-Garonne, et pair de France. Il habitait au Château de Mondouzil.

Ces terres représentaient au total 630 arpents, 73 pugnerées, 32 boisseaux, soit environ 375 hectares. Elles furent estimées à 172 722 livres, adjugées à Catellan à 231 000 livres, mais le prix réel retenu fût de 55 440 livres. (Voir document : Vente des Biens Nationaux, de Henri Martin, page 452).

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     C’est ainsi que la Chartreuse de Toulouse posséda des terres à Mons pendant plus de 170 ans. Leurs terres n’étaient pas limitées au seul plateau s’étendant du village à Clairac, mais allaient bien au-delà. C’est sur ce plateau de Mons, en bordure du chemin de La Briqueterie, que ce situait l’ancien château et ses dépendances. C’est ainsi que la rue principale des lotissements de Soleilla, établis sur ce plateau vers 1992, a été baptisée « Rue des Chartreux ».

     Qu’en reste-t-il de nos jours ? Les chartreux ont disparu de Toulouse. La Chartreuse est devenue la Faculté des Sciences Sociales. A Mons, les derniers vestiges de murs du Château ont été démolis en 1866, il n’en reste que quelques souvenirs à travers les noms de rue du lotissement de Soleilla.

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Définition de quelques termes :

                1- allivrement, livres livrantes : classement des terres en vue de l’imposition foncière estimée en 
                livres livrantes, l’imposition annuelle était répartie en fonction du nombre de livres livrantes de la communauté 
                (commune),
                2 - compoix : équivalent, au cours du Moyen-Age, du cadastre actuel, c'est-à-dire un inventaire des terres,
                3 - localement, 1 arpent valait 5690 m², 1 pugnerée = 1424 m², 1 boisseau = 178 m²,
                4 - feudataire, tenir en fief : détient des terres qui lui ont été concédées provisoirement par le seigneur du lieu, - 
                censives : redevances dues au seigneur concernant les terres dépendant de la seigneurie,
                5 - gélines : redevance au seigneur consistant en nombre de poules.


Noms des terroirs et lieux de Mons

Version 12 nov 2012

C’est toute une histoire … !

- La majeure partie de notre commune, du moins l’église et le vieux village, étant située sur un plateau surélevé, nous ne nous attarderons pas sur l’origine du nom de Mons. Ce nom est aussi présent dans celui d’autres villages voisins : Montauriol, Mondouzil, Montrabe, … Dans les archives nous retrouvons ce nom tantôt écrit « Monts », tantôt « Montz », mais aussi comme aujourd’hui « Mons ». Dans un texte très ancien de 1183, il est écrit « Monz ». Au 15ème et 16ème siècles on retrouve souvent le nom latin « Montibus », “ainsi dans un texte de 1538 Drémil figure dans l’archiprêtré de Verfeil avec son annexe Mons (Santi Saturni de Montibus)“,( pour St Sernin de Mons, en latin Saturnin).

- Comme ailleurs, de nombreux noms de lieux de la commune viennent de personnes qui y ont habité ou en ont été propriétaires, par exemple Cantalauze, Fajoles, Gaudens, Cammajes, Gilède, Jean Dago, Espigat, Lasalle, Trinchant, Soubeiran, Favarel, Bru, Costa, Lagane, … Plusieurs d’entre eux étaient des nobles ou des bourgeois de Toulouse, certains occupaient de hautes fonctions, en particulier au Parlement de Toulouse. En bord de Seillonne un champ est appelé « plaine de Lapeyrouse » ; au 17ème siècle et début 18ème ses anciens propriétaires étaient les DU BOURG seigneurs de Lapeyrouse, qui habitaient au lieu appelé aujourd’hui « Trinchant »..


- Dans le cadastre de « Napoléon » de 1824-1826, des champs ou des ensembles de parcelles ont reçu le nom de souleila ou iversenc, selon leur orientation sud ou nord. Ainsi nous relevons sur les cartes : souleilla de La Pigasse, souleilla de Cantalauze, souleilla de Ste Quitterie, souleilla de Bru, souleilla de La Bourdasse, souleilla de Lagane, souleilla de Soubeiran, souleilla de Lassalle, souleilla de l’église, souleilla de Borde-Basse, souleilla de Roubert, souleilla de Clairac, souleilla de la bergerie, … A l’opposé, nous trouvons : iversenc de Gaudens, iversenc de Gilède, iversenc de Clairac,
iversenc du Moulin, … Une seule exception : « le bois de Soleilla », orienté vers le nord, ne respecte pas cette logique. Cette longue énumération souligne la bonne exposition de la majeure partie des terres de notre commune.


- Certains de ces lieux ont changé de nombreuses fois de nom au cours des derniers
siècles. Ainsi Gilède s’est appelé successivement : rivalz, al claux, carrière, gilède,
caffarelli, et à nouveau gilède. Il en est de même pour Espigat , souvent abrégé en
Spigat ; les noms successifs de ce lieu sont : abroustabiou, la motte, la brugue, gleize
vieille, fontauriolle, espigat, sentis, et à nouveau espigat. Trinchant a changé aussi
plusieurs fois de nom : montels, dortail, caze, trinchant. Au bout de l’avenue des
Pyrénées, l’ancienne ferme, située prés du nouveau lotissement de Cantalauze,
s’appelait autrefois « La Croix » car il y avait effectivement autrefois une croix devant
cette maison.



- Certains noms de lieux du village sont très anciens et remontent au moins au 16ème siècle, ainsi : la Pigasse (al pontet de la pigasse), le rieu de Goyrobal, le rieu de Russel (devenu Roussel), la rivière de Seilhouno. D’où vient donc le nom de la rivière du “ collège “, en-dessous de l’IME ? La réponse nous fait remonter au 5 juillet 1371, jour de vente de la métairie du Colombier par noble Géraud Arnaud Dupont de Flourens au collège de Maguelonne créé à Toulouse, 38 rue du Taur, en 1370. Il s’agit aujourd’hui de la ferme de Lassalle. Le ruisseau d’Espigat était appelé autrefois
ruisseau de Fontauriolle.

Le ruisseau de Fonds Valette vient très certainement du nom d’une famille qui devait habiter ou posséder des champs en bordure de ce ruisseau ; vers l’an 1600 on retrouve Gabriel Valette, et quelques années plus tard ses fils Pierre et autre Pierre. Ce ruisseau s’appelait « ruisseau de Font-Peyre » dans les reconnaissances de 1718, et « ruisseau du fournils » dans le compoix de 1666. Des personnes du village auraient dit aux géomètres chargés de l’établissement du cadastre de 1824 -1826 que ce ruisseau s’appelait « la font de Valetto ». « font » pour « fontaine », en effet il y a en bordure de ce ruisseau une fontaine qui ne tarit jamais, elle est aujourd’hui dans le jardin d’un particulier. Osons des suppositions : le passage de « Font-Peyre » à « Font Valette » pourrait être lié tantôt au prénom, tantôt au nom de Pierre Valette. Quant à l’autre appellation « ruisseau du fournils », aurait-elle un rapport avec le four de séchage de la briqueterie toute proche ?


- Certains lieux ou quartiers de Mons portent des noms très communs. Ainsi le chemin de La Briqueterie (un des chemins reliant Flourens à Lavalette) conduisait à la briqueterie située à l’emplacement du lotissement que l’on appelle aujourd’hui « la tuilerie ». Cette tuilerie est déjà signalée le 8 mars 1460 dans le dénombrement effectué par le seigneur Raymond de Puybusque. Dans le cadastre de 1824, y figurait aussi le nom « tuilerie ». Cette briqueterie, ou tuilerie, a cessé son activité vers 1888, les derniers briquetiers de Mons seraient les frères Pierre, Jean et Louis Merly.

     Autre exemple : sur le chemin des abreuvoirs, qui descend vers le Roussel, puis au-delà mène à Borde Basse, on trouve trois bassins utilisés autrefois comme abreuvoirs pour les vaches qui remontaient le soir des prairies du bord du Roussel aux étables du vieux village. Le chemin du puits communal conduit bien à un puits, toujours appelé puits communal, un texte des années 1600 précise « al claux de la borde pres le puis communal ». Au bout de l’avenue des Pyrénées, le chemin du Pin conduisait à Pin-Balma. Il était autrefois très pratiqué parce que le Consulat de Clairac était rattaché à la « paroisse du PY » (soit Pin en occitan). Le chemin du Moulin conduisait bien à un moulin aujourd’hui démoli « le moulin de Lassalle » dont le lieu porte d’ailleurs toujours le nom « le moulin »; un moulin à vent est déjà signalé en ce lieu dans l’acte du 10 juillet 1371 de prise de possession de la métairie du Colombier par le prieur du collège de Maguelonne.



     En allant vers Gilède, le lieu dit « Le Pâtre » pourrait faire référence à un gardien de troupeaux habitant en ce lieu ; ce lieu est aussi appelé « Baladié ». Dans le même esprit, il y a un lieu dit « la bergerie » en bordure de la route de Gauré.


     Par contre « Le Peyral », partie du vieux village située route de Drémil, est un nom relativement fréquent indiquant un lieu où le sol est pierreux, où la roche affleure, ce qui ne paraît pas être le cas ici. Le mot « borde » (ferme) est souvent utilisé pour nommer un lieu. On trouve ainsi à Mons : Bordebasse, Bordeneuve, La Bourdasse. Au lieu La Pigeonnière, il est probable qu’il y avait autrefois un pigeonnier ; au 14ème siècle la métairie toute proche s’appelait « al Colombier ».


-      Dans sa monographie de Mons de 1885, Théophile Lasserre, brillant instituteur de Mons, regroupe les habitants de Mons en dix quartiers : le village, Lagarrigue, Gilède, l’église, Trinchant, Clairac, Lassalle, Costa, l’Ermitage, Gaudens. Précisons qu’avant la révolution Mons et Clairac étaient deux consulats distincts, les deux entités ont été regroupées pour constituer la commune de Mons.


-      Certains noms de lieux, tels que Pamparé, Causidou, chemin de l’Ermitage, La Marsale, Balancy, Monac, … n’ont pas encore révélé leur origine. Peut-être certains anciens monsois, à la lecture de ce document, pourront nous apporter des pistes et peut-être la réponse. En 1892, le conseil municipal de Mons fait l’inventaire des chemins de Mons, il précise que la « côte du tisserand part de La Marsale vers Gilède par l’Hermitage ». Le tisserand en question serait-il François Escande cité dans un acte d’état-civil de 1815 ? Ce chemin est à présent appelé « chemin de l’Hermitage », pourquoi ?

-      Pourquoi le nom de Sainte-Quitterie ? Il y avait autrefois en ce lieu une chapelle portant ce nom. Cette chapelle était annexe de la paroisse de Lavalette, l’église de Mons étant alors annexe de Drémil. Cette chapelle était très ancienne puisqu’il est dit qu’en 1237 Bernard de Beaupuy était chapelain des églises de Lavalette et de ses annexes, dont Ste Quitterie. Aujourd’hui une croix rappelle qu’il y avait là aussi un cimetière, dont les ossements ont été regroupés vers 1920 sous cette croix. Autrefois, avant la Révolution, habitaient en ce lieu quelques membres de la Confrérie des Frères Cordonniers. Après la Révolution, ce lieu s’est appellé « Berdoulat », du nom du propriétaire qui a acquis la métairie de Ste Quitterie en 1804. Quant à l’église et au cimetière ils ont été vendus la même année à un dénommé Laffererie de Toulouse qui a démoli l’église quelques années plus tard.


 -     Quelques maisons dispersées dans la campagne monsoise ont aujourd’hui disparu. Entre Espigat et Bordeneuve, on peut citer Gaget, et Plane-Daste portés sur d’anciens plans. De même dans la côte de La Pigasse, il y avait une maison appelée Fabarel du nom de son propriétaire ; à ne pas confondre avec Favarel situé en bordure du chemin du moulin. Sur la route de Cantalauze, avant le bois de Mondouzil, à droite il y avait « la métairie des bois », appelée aussi « Cantalauze » dont on voyait encore quelques traces dans les années 1970. Le nom de la métairie des Chartreux, « En Gilardon » sur la carte de Cassini (vers1780), tout prés de Monac, n’est plus mentionné aujourd’hui. Enfin
dans le champ de la Briqueterie, aujourd’hui lotissement, il y avait, en bordure du bois, très certainement une maison, jamais signalée dans les archives, mais dont on décelait les fondations sur les photos satellite.

-      Un quartier récent retient notre attention tellement les noms de rue font référence à un ancien château : rues ou passages du Château, des Echauguettes, des Douves, du Donjon, de la Barbacane. Il s’agit là de l’ancien château-fort de Mons qui était déjà en ruines au 15ème siècle. La reconnaissance du 8 mars 1460 faîte par le seigneur Raymond de Puybusque rapporte : « … en partie de terre en partie de murailhe vieille et ruineuse entouré de fossés et autrefois de pont-levis … ». Un autre Raymond de Puybusque est signalé « seigneur de Mons » vers 1211, ce château était donc très ancien. Les derniers vestiges ont été démolis dans les années 1800, et les dernières briques auraient été enlevées en 1866. La ferme qui se situe en ce lieu avant la réalisation du lotissement s’appelle Mialle, du nom d’un ancien métayer.


     Dans ce même lotissement se trouve la rue des Chartreux. Pourquoi est-elle  appelée ainsi ? Tout simplement parce que le 7 octobre 1617 la Chartreuse de Toulouse achète la seigneurie et le château de Mons au dernier seigneur de Mons Paul de St Jean pour 28000 livres tournois. La seigneurie de Mons restera possession des Chartreux jusqu’à la Révolution. Le 20 novembre 1791, les châteaux de Mons, Mondouzil, et Paulel, et les domaines attenants seront achetés par Catelan De Caumont pour 55440 livres en tant que biens nationaux.


-      Concernant le château de Clairac, certains vieux monsois - y ayant même habité – l’ont connu sous le nom de « Mayet ». C’était le nom d’anciens propriétaires du château : Octave et Auguste Mayet ont été tour à tour maires de Mons de 1874 à 1883. Le nom de « Mayet » a été utilisé peut-être pendant un demi-siècle, puis le nom d’origine « Clairac » a repris ses droits. Ce nom de « Clairac » est très ancien, on parlait avant la Révolution du Consulat de Clairac qui était distinct du Consulat de
Mons. Les BARRAVY, Pierre (vers 1550), Jean, Jean-Pierre, puis Pierre, ont été tous les quatre seigneurs de Clairac (parfois écrit Cleyrac) au 16ème et 17ème siècles. Les CASSAN, Jean-Pierre, puis Pierre, leur ont succédé comme seigneurs de Clairac au cours du 18ème siècle. Sur la carte de Cassini (vers 1780), on distinguait deux châteaux, celui de Clairac-Cassan et celui de Clairac-Fajolles. En 1761, De Cassan-Clairac fût conseiller rapporteur de l’affaire Calas.


-      Au bout de l’avenue du Lauragais, un petit lotissement est appelé « Clos des Eglantines ». Nous ne connaissons pas les raisons qui ont conduit à l’attribution de ce nom, peut-être la présence de quelques églantiers dans la haie qui longe ce lotissement. On pourrait ajouter, de façon quelque peu romantique, que ce nom serait en rapport avec un ancien troubadour, marchand de Toulouse , peut-être natif de Mons, Martin de Mons. Celui-ci remporta en 1436, pour une de ses oeuvres, le prix de l’Eglantine attribué par le Consistoire du Gai Savoir qui deviendra par la suite l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse.


-      Certains noms de terroirs de Mons, retrouvés dans les archives, nous conduisent à rêver.
C’est le cas de « Bel Soleil, et A Bon Repos, … ». Le nom de Goyrobal ou Goyroval aurait comme traduction en occitan : « vallon des buses », pour celui de Cantalauze (parfois écrit à tort Cantaloze) l’origine pourrait être « canto laouzeto » (chante alouette), mais c’est avant tout le nom d’une famille dont certains membres ont vécu à Mons et à Drémil. Le nom « Le Glacier » nous laisse croire qu’il ferait là plus froid, erreur, c’est le nom d’un ancien propriétaire des lieux appelé Glassié (avec 2 s).


     Enfin selon les archives on trouve souvent plusieurs écritures pour un même nom, c’est peut-être parfois de simples fautes d’orthographe. Ainsi plus récemment, on trouvait : chemin de La Planète, au lieu de chemin de La Planette : de quoi rêver une nouvelle fois. Sur des plans récents de la commune, on trouve près de Trinchant le mot « Portail », ici une mauvaise lecture pourrait expliquer ce nom, en effet le domaine de Trinchant appartenait au cours du 19ème siècle à la famille Payret d’Ortail, ce qui avait donné sur certains documents le nom « Dortail ». De Dortail à Portail il n’y avait qu’un pas à franchir ; il faut cependant préciser qu’il y avait bien là autrefois un portail, démoli vers 1990.



     Nous venons de donner ici quelques repères sur l’origine des noms de nombreux lieux de notre village. Pour bien situer ces lieux, procurez-vous le plan de Mons mis à votre disposition à la Mairie. Nous serons conduits dans les prochains mois à approfondir l’histoire de plusieurs de ces lieux, et à développer les remarques mentionnées ci-dessus. Nous n’excluons pas que certaines erreurs aient pu se glisser dans notre texte, et nous serons très attentifs aux corrections que vous pourriez nous apporter.

     Nous rassemblons petit à petit des éléments d’histoire sur les seigneurs de Mons : les Maurand, les Puybusque, les St Jean. Nous faisons de même pour quelques familles nobles de Toulouse ayant habité ou ayant possédé des terres à Mons : les De Carrière, les de Costa, les d’Espigat, les Dubourg, les De Lagorrée, …Nombreux parmi eux étaient capitouls, conseillers au Parlement, …

     La plupart des informations historiques présentées ci-dessus proviennent des différents compoix, cadastres, et reconnaissances réalisés depuis prés de 500 ans : reconnaissances des années 1600 et 1718, arpentement de 1659, compoix de 1666, cadastre de 1824.

     Pour plusieurs des lieux cités plus haut, nous possédons des photos comparatives d’hier et d’aujourd’hui ; vous pourrez retrouver ces photos dans une brochure mise à votre disposition au secrétariat du Foyer Rural pour la modeste somme de 5 euros. 

Le PASTEL et MONS

Le PASTEL et MONS



Qu’est-ce-que le pastel ?

     Le pastel (du latin « pasta » = pâte) est une plante de la famille des crucifères (comme le choux, le colza, le radis …). C’est une plante bisannuelle : la première année, elle produit des touffes de feuilles avec lesquelles on fabrique la fameuse teinture bleu-pastel, la deuxième année elle produit des fleurs de couleur jaune, puis des graines renfermant 30% d’une huile ayant des propriétés intéressantes en cosmétique. Les rares parcelles conservées la deuxième année pour la floraison étaient destinées à la production de semences.


     La culture de cette plante exigeait beaucoup de main d’oeuvre : nombreux sarclages pour éliminer les mauvaises herbes, puis de nombreux passages pour récolter les feuilles qui jaunissaient à la base de la plante. C’est avec ces feuilles « mûres » que l’on réalisait, après écrasement dans un moulin à roue en pierre, les coques de pastel ou cocagnes.


     C’est en Lauragais, dans le « triangle d’or » (Albi-Toulouse-Carcassonne), que cette culture trouva son plus fort développement et ceci pendant la période que l’on appellera « le siècle d’or » de 1463 à 1562. L’exportation de cette teinture fera la fortune de nombreux marchands toulousains (De Bernuy, Assezat, Lancefoc, …) permettant à plusieurs d’entre eux de construire de très beaux hôtels particuliers à Toulouse (hôtels que l’on peut encore visiter et admirer de nos jours). Fortune faîte, plusieurs accèderont à la fonction de capitoul. Certains appelèrent cette plante « l’or bleu du Lauragais ». C’est à ce « triangle d’or » que fut ainsi attribuée l’expression « pays de cocagne » encore utilisée aujourd’hui. Mais ne nous trompons pas, il semble que cette richesse ne concernait pas les petits paysans producteurs dont nombreux, s'étant endettés pour la culture de ce pastel, furent conduits à céder leurs terres aux riches marchands pour constituer de grands domaines.


Prés de chez nous :

     Une de ces familles de riches marchands fût les Lancefoc : six générations se succédèrent. Simon Lancefoc, se constitua, arpent par arpent, plusieurs grandes propriétés dans les environs de Toulouse. L’une d’entre elles se situait à Flourens, où existe encore aujourd’hui un domaine du même nom. Une partie de cette propriété se trouvait même sur Mons en bord de Seilhonne (arpentement de 1659, ADHG).



     Monsieur de Lancefoc pred audit lieu confront d auta de Gaudens midy Seilhonne bize et aquilon Consulat de Clairac contenant un arpant deux pugneres quatre boisseaux.1

     Parmi les localités de la région attestées comme lieux d’achat du pastel de 1515 à 1565 figurent entre autres Caraman, Lanta, Loubens, … mais aussi Mons2, Le Pin, Flourens, Drémil, Montauriol, …

     Le marché du pastel s’effondrera en 1561 suite à une abondante récolte de mauvaise qualité, à de nombreuses fraudes, aux guerres de religion et à l’arrivée de l’indigo.
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     Différents écrits mentionnent qu’il y avait à Mons plusieurs moulins pasteliers.

Le moulin pastelier du château de Mons :

     On peut appeler ce premier moulin « le moulin des Chartreux », situé dans les environs du vieux château de Mons, chemin de La Briqueterie, il dépendait de la seigneurie de Mons détenue par les Puybusque, ou les Maurand. Il est mentionné dans la reconnaissance de Raymond de Puybusque (8 mars 1460), reprise en 1554 par Arnaud de Saint-Jean, seigneur de Mons, et enfin vers 1709 lors du procès des Chartreux3 contre les consuls de Mons.

1 A cette époque, les différentes orientations étaient indiquées par les vents : auta, midy, bize, aquilon, repectivement : est, sud, ouest, nord. Pour les surfaces, dans les cantons de Verfeil et de Toulouse,
1 arpent = 5690 m2, 1 pugnere = 1/4 d’arpent, 1 boisseau = 1/8 de pugnere.

2 Couleur Lauragais n° 60, mars 2004

3 Le 7 octobre 1617, la seigneurie de Mons est vendue par Jean-Paul de Saint-Jean à la Chartreuse de Toulouse.


     Ledit truilhe procureur “dudit” Sindic de La Chartreuse assisté …. au lieu de Mons et au devant la maison sive (ou) tour en partie de terre en partie de murailhe vielle et ruineuse environné de fossés et autrefois de pon t l evis… moulin a vent, et moulin pastelier mentionnés aux huitième article du dénombrement.



     Item et le dit moulin pastelier pourroit s’arranter chacun an cinq cent coces pastel et de la faut rebatre les charges comme tenir couvert le dit moulin et garny de clèdes, faire acoutrer la molle soustre de la dite molle

Quelques explications : le moulin pastelier “des chartreux” ne servait pas uniquement à la production de leur fief (celui des Puybusque et St Jean) mais aussi à d'autres producteurs qui le louaient au prix de 500 coques de pastel par an. Evidemment le propriétaire du moulin devait l'entretenir, le couvrir, remplacer les clèdes du séchoir et retailler les meules, etc ...


Le moulin pastelier de Gilède :

     Un autre moulin pastelier était situé à Gilède, propriété alors, en 1659, de Sieur Pierre Louis De Carrière, conseiller du Roy à Toulouse. (arpentement du 24 mai 1659).




          Plus au mesme lieu tient une maison en pézain Molin
          pastelsier pigonier jardin verger tout joignant……..
          ………………………………aquilon la rue quy va de Dremil a Montz…………
                                        Réf. Compois de 1666, terres de M. De Carrière, article 16, ADHG
     
     Ce moulin pastelier est à nouveau signalé dans la reconnaissance de 1718 faîte par Mademoiselle De La Rue, épouse de sieur Laffon, propriétaire, qui aurait succédé en ce lieu à Sieur De Carrière. Les propriétaires suivants de ce domaine seront Antoine-Marie De Gilède, puis Joseph De Caffarelli.



     Sur le plan de Mons ci-dessus réalisé vers 1780-1790, vue concernant Gilède, on pourrait supposer que le moulin pastelier est dessiné sur la parcelle n°26, à sa droite de l’autre côté du « nouveau chemin » se situerait le pigeonnier signalé sur le texte de 1666.

Le moulin pastelier de Dubourg de Lapeyrouse :

     Enfin un 3ème moulin pastelier appartenant à M. Léonard DuBourg De Lapeyrouse qui habitait très certainement le domaine appelé aujourd’hui Trinchant. Encore aujourd’hui, entre le ruisseau du Roussel et le lieu-dit Favarel, il y a un champ nommé « plaine de Lapeyrouse ». Ci-dessous un texte extrait du cahier des reconnaissances de 1659 du couvent de la Grande Chartreuse de Toulouse concernant ses terres de Mons.



     Noble Leonard Dubourg seigneur De La Peyrouse maison bastie de brique à haut estage avec ses
granges et estables moulin pastelier ensemble une pièce de terre jardin et verger le tout contigu et
situe au terroir appelle dans les anciennes reconnaissances et à present aux Montels contenant …
confront dauta la rue publique et le riu de Russel de midy la dite rue et le yeis …

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     De nombreux châteaux du Lauragais datent de cet âge d’or du pastel, donc du XVème et XVIème siècles (Couleur Lauragais n° 34, juillet-août 2001). Les châteaux de Mons, de Clairac, de Mondouzil sont avérés plus anciens. Par contre deux autres châteaux (Varennes et Mauremont, tous deux prés de Baziège) appartenant au même Puybusque, seigneur de Mons, furent restaurés grâce au commerce du pastel.

     Une renaissance passagère de la culture du pastel a eu lieu sous Napolèon, de 1810 à 1814, pour teindre les uniformes de la Grande Armée. Suite au blocus continental contre l’Angleterre, l’indigo était devenu rare et hors de prix.

     Vers 1994, un renouveau de la culture et de l’utilisation du pastel s’est développé à Lectoure (Gers) avec l’entreprise « Le Bleu de Lectoure ». Cette entreprise a même ouvert un magasin pour commercialiser ses produits Rue de la Bourse à Toulouse « La Fleurée de Lectoure ».


Il est possible de découvrir aujourd’hui de nombreuses informations et techniques retraçant l’histoire de cette production locale au musée de Magrin, prés de Puylaurens (81).

Les preuves du pastel aujourd’hui :


     Le bleu charron avait plusieurs propriétés, il contribuerait à une meilleure conservation du bois, par ailleurs le bleu aurait la propriété de « chasser » les mouches. Aujourd’hui le bleu charron est plutôt réalisé avec d’autres colorants.


jeudi 23 octobre 2014

L’écrivain « monsois » Robert CAZE

L’écrivain « monsois » Robert CAZE

     En entrant dans le cimetière de Mons, sur la première tombe à droite une plaque mentionne :
« Robert CAZE, né le 3 janvier 1853, décédé le 28 mars 1886 ».

     Robert CAZE est le petit-fils de Jean Bernard Emmanuel PAYRET d’ORTAIL (1791 – 1882), maire de Mons de 1856 à 1870 et propriétaire alors du domaine appelé aujourd’hui Trinchant. Sa grand-mère maternelle, Françoise Joséphine (1793 – 1877) est née BLANC au Château de Clairac. Son père Gustave CAZE, marié à Emmanuelle Payret d’Ortail, était avocat et notaire, établi à Toulouse au 25 Rue Boulbonne, puis retiré à Paris.

     Robert CAZE1 avait deux grands frères : Emmanuel Gaston, l’aîné, resté célibataire, et Louis Marie Joseph Albert (1839 – 1905) qui devint général2. Quand Robert est né son père avait 52 ans. Très tôt Robert fut pensionnaire. Dans une de ses oeuvres « L’élève Gendrevin », il fait dire à son personnage ce qu’il a certainement luimême ressenti et vécu alors : « J’ai souffert, je souffre encore de l’internat, de la prison scolaire. J’ai été chassé de quatre ou cinq collèges parisiens … ». En juillet 1885, il écrit à un de ses amis : « J’ai eu une jeunesse triste, toujours pauvre, malgré les ressources dont disposait ma famille ». Il a rompu toute relation avec sa famille à l’exception de sa mère. Anatole France, qui rencontra Robert Caze à l’époque de la Commune de Paris, écrivait : « A sa tenue, on devinait en souriant qu’il avait été bichonné le matin par sa mère et qu’il avait mis ensuite dans ses vêtements un désordre volontaire, pour n’avoir point l’air bourgeois ». 

1 De nombreuses informations et citations de ce document sont extraites de la réédition « Le Martyre d’Annil et La Sortie d’Angèle » établie, préfacée et annotée par Arnaud Bédat et René-Pierre Colin. On peut se procurer cet ouvrage auprès de la Société jurassienne d’Emulation et Du Lérot, éditeurs à Tusson 16140, 2010.

2 Le général CAZE, commandant du 19ème corps d’armée, se trouva à la tête de l’Armée d’Afrique de 1901 à 1904. Sur une photo prise à l’occasion d’un voyage présidentiel en Algérie en 1903, on le voit  aux côtés du Président Loubet. (coll. A.B.).

     Robert venait passer ses vacances chez ses grands-parents à Mons. Arnaud Bedat et René-Pierre Colin, dans leur biographie de Robert Caze mentionnent : « Ses seuls bonheurs, il les connaît pendant les vacances, lorsque la famille retourne à Toulouse et Mons : Robert galopine dans la région, se familiarise avec l’occitan du cru et découvre tous les recoins de la ville rose ».
     
     Militant de la Commune de Paris en 1870-1871, soit à l’âge de 17 - 18 ans, Robert est quelque peu révolutionnaire. Il devra se réfugier en Suisse pendant 7 ans, à partir du printemps 1873, sous un nom d’emprunt « le Marquis de Berzieux ». « Robert Caze se disait hautement anarchiste ; il voulait tout détruire3,». En Suisse, il enseignera la littérature française et l’histoire. Il collaborera aussi à plusieurs journaux locaux, et réalisera plusieurs publications avec l’aide de son beau-père imprimeur. Après l’amnistie des Communards, il rentre à Paris en 1880.

     Il aura deux enfants Roger en 1876, et Emmanuelle en 1878, tous deux nés en Suisse. Roger et Emmanuelle vont à l’école à Mons quand ils viennent chez leurs grandsparents à Trinchant. Roger tourna mal, à la tête d’une bande de cambrioleurs « la bande du Marquis ». Il fut arrêté et condamné en 1898 à 15 ans de travaux forcés et emprisonné au bagne de Guyane. Son oncle Albert, le général, « songea alors à orner son patronyme décidément trop voyant d’un complément emprunté à sa famille maternelle : qui pourrait faire un rapprochement entre le général Caze d’Ortail et un forçat4 ? ». Roger s'évada à deux reprises. La deuxième fois, on perdit sa trace. 

     Emmanuelle s’était liée d’amitié avec Jeanne5, la fille des instituteurs de Mons, Théophile et Honorine Lasserre. Plus tard, mariée avec un industriel, elle revint plusieurs fois à Mons qu’elle aimait bien. Elle logeait alors, avec son mari, au presbytère (actuelle maison des associations) où il y avait une ou deux pièces disponibles.

     Robert CAZE se fait un nom dans le monde littéraire parmi les grands écrivains naturalistes. Il écrivit plus d’une vingtaine d’ouvrages, des recueils de nouvelles, des poèmes, des articles de presse. Certains disent : « il aurait pu figurer parmi les meilleurs écrivains de sa génération et être l’égal de Maupassant, si la mort ne l’avait fauché à 33 ans », et Virgile Rossel qui avait été son élève en Suisse écrivait en avril 1886 « j’ai la conviction que Robert Caze aurait vite passé au premier rang des romanciers contemporains ». Arnaud Bédat et René-Pierre Colin, dans leur biographie6 de Robert
Caze, précisent : « Parmi les jeunes naturalistes, Caze est certainement le plus fécond et le plus respecté de ses pairs ».

3 Propos d’Albertine Ansaldi-Philippe, cités par Arnaud Bédat et René-Pierre Colin, page 31, dans la réedition du Martyre d’Annil, 2010.

4 Arnaud Bédat et René-Pierre Colin, page 67, dans la réédition du Martyre d’Annil, 2010.

5 Plus tard, Emmanuelle Caze-Brouand invita la fille de Jeanne, Marie-Appolonie Forest (maman de Simone Lafont), et ses grands-parents Théophile et Honorine Lasserre, dans sa maison de Trouville,.Marie-Appolonie avait alors 17 ans. (Voir lettre de Simone Lafont – 3 février 2011).

6 Réédition du Martyre d’Annil, 2010, page 47, 

     Robert s’était fait des relations à Paris, il connut Emile Zola, fréquenta le Grenier d’Edmond de Goncourt, il était ami avec Huysmans et Verlaine, et plus tard il fut loué par le pape des surréalistes, André Breton. Il avait ouvert à Paris un salon où se sont rencontrés les célèbres peintres Pissaro, Seurat, et Signac. Une querelle entre écrivains, entre autres avec Charles Vignier qui avait publié contre lui un article minable, l’entraîna dans un duel qui eut lieu le 15 février 1886. Touché au foie, Robert CAZE mourut six semaines plus tard le 28 mars 1886. Le 30 mars, après la cérémonie religieuse en l’église St Vincent-de-Paul à Paris, son cercueil fut acheminé par train à destination de Mons. Un mois plus tard, sa femme mettra en vente tous les livres et correspondances de son mari. Ruinée, elle ne lui survécut qu’une seule année.

     Il écrivit plusieurs études de moeurs dont Le Martyre d’Annil , paru initialement en 1883. Ce roman vient d’être réédité en 2010, par Arnaud Bédat et René-Pierre Colin aux Editions du Lérot et la Société jurassienne d’Emulation que Robert CAZE avait lui-même présidée pendant quelques mois lors de son séjour en Suisse entre 1873 et 1880. La préface de cet ouvrage nous présente toutes les composantes de la vie de l’auteur et son parcours.

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     Annil est née dans le petit village de Castelpezet7 dans la proche banlieue toulousaine. Là, le curé Doumerc lui trouve une place de bonne au domaine de Bordeclose. Après quelques mésaventures, et le décès d’Arnoussac propriétaire du domaine, elle devra chercher du travail ailleurs. Elle rencontrera un amant, Jeanbernat, en se rendant à Toulouse, où elle deviendra marchande de journaux. « C'est tout un monde étonnant et vivant qui surgit sous la plume de Robert Caze, dans le sillage de son héroïne Annil, jeune orpheline fuyant sa campagne et sa misère pour découvrir la Ville rose 8».

7 On ne peut qu’être tenté de faire certains rapprochements entre plusieurs noms de lieux cités dans ce roman et certains lieux de notre commune : Castelpezet pour Mons, Bordeclose pour Trinchant, Blairac pour Clairac, St Saturnin pour St Sernin notre église, …

8 article de la Dépêche, janvier 2011, texte de Joëlle Porcher



Un petit extrait évoquant la campagne monsoise :

     « Elle était arrivée au presbytère. Assis sur un banc de pierre, devant la porte de la maison curiale, l’abbé Doumerc n’avait pas entendu venir Annil. Il rêvait, les yeux fixés sur l’horizon tout enflammé par le soleil couchant. Là-bas, au loin, des villages se perdaient dans la brume du soir et des clochers s’appelaient au son de l’Angélus. On apercevait encore les premières métairies de Fargissou, de Blairac et de Saint-Saturnin. Tout au fond, les Pyrénées traçaient une ligne d’un bleu sombre qui se fondait dans le ciel. »




     Voici l’introduction d’un autre texte de Robert CAZE, présenté le 14 mars 1885, intitulé « La Catinasse » : « Je l’ai connue. Je la vois. Il me semble même que, si j’étais peintre, j’aurais rudement dessiné ce museau horrible. Du reste, si vous doutez de moi, questionnez les gens de Gauré, de Mons, de Flourens, de Saint Martial, du Pin, de Rouquet, de Drémil-Lafage et de Montauriol. Ils en savent long sur son compte. … »

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- Quelques autres titres d’oeuvres de Robert CAZE :
- Les poèmes de la chair, 1873,
- Hymnes à la vie, 1875,
- Ritournelles, poésies, 1879,
- Poèmes rustiques, 1880,
- Femme à soldats, 1884,
- La semaine d’Ursule, 1885,
- La foire aux peintres, 1885,
- Grand-mère, 1886.